Juste un chat.

      J'émergeais lentement de l'obscurité et de la chaleur caressante d'une nuit de demi-sommeil . Là où les rêves et la réalité se mélangent comme les peintures d'un impressionniste, et le sentiment vague et confus de sentir qu'on ne devrait pas être là envahit peu à peu. Il venait de se passer -dans ma tête- quelque chose extrêmement important, mais bien sur, impossible de me souvenir des images, si nettes il y avait juste un instant, je ne pouvais que ressentir l'ombre déformée des sensations.
       Déçu, je fixais le plafond. Les dimensions, les mesures et les réflexes s'étaient de nouveau installés proprement dans ma tête ; je me senti vexé comme si l'on m'avait remis en cage, tout en effaçant de mes souvenirs la possibilité d'une autre réalité. Tant pis. Je m'avouai vaincu.

        En outre cette réalité semblait loin d'être désagréable : j'étais étendu sur le dos, confortablement enfoncé dans divers coussins, couettes et matelas, tout détendu et tout reposé. Surgis alors l'ennui, et sa désagréable volonté de toujours faire quelque chose. Je tournai la tête vers la fenêtre ouverte.
          A travers ses grandes et longues ouvertes s'étalait en riant doucement la lumière matinale. Et ô miracle, les yeux mi-clos, la fourrure terre de sienne gorgée de chaleur, Macka s'étira comme un chat. Je me souvins alors qu'elle était un chat. Elle se roula en boule et voulu se rendormir mais je l'appelais. Elle me regarda soudain.
  - Tu es réveillé.
  - Juste à l'instant...
  - Bien dormi ?
  - Deux heures de plus ne me dérangeraient pas...
         Comme je l'espérais, elle sauta gracieusement sur le lit, se lova contre moi, au creux des couvertures, et nous nous rendormirent.