A la manière de ... Anny Duperey

      La photographie  la plus récente qu'il y ait de moi. Je l'ai prise la semaine dernière, dans un photomaton, en attendant le train. Et c'est assez représentatif de ma personne puisqu'en ce moment, j'attends beaucoup le train.
     J'aime beaucoup le concept du photomaton ; déjà, on est seul, ensuite, c'est de mauvaise qualité, puis on est pris par une machine, enfin, c'est presque instantané.
      Je ne soigne pas mon apparence quand je prends une photo d'identité comme celle-ci. J'arrive, souvent à l'improviste, sur un coup de tête, je m'assoie et j'appuie sur les boutons, obéissant à la voix mécanique. Comme il n'y a personne en face de moi, je ne cherche pas à être celle que l'on attend, ni à être jolie, ni drôle, ni rien. Bien sur j'aime sourire, mais devant la machine, je souris pour moi même. Je fais une photo de moi, pour moi.
      Le photomaton est plutôt objectif. Ce n'est ni une œuvre d'art, ni une photo exceptionnelle, et c'est pourquoi je l'aime bien. Je n'ai eu besoin pour la prendre ni des autres, ni de leurs artifices. Peut être y a-t-il là le reflet de mes moments de solitudes où j'abandonne, pour quelques heures, toute préoccupation altruiste, et où j'erre dans la ville, ne songeant qu'à mon seul plaisir.
      Ces moments là -et nous revenons au contexte de la photo, sont souvent ceux où il m'est donné un temps d'attente, un entre deux, objectivement, un temps d'ennui. Comme ces heures où j'attends le train, flânant dans ce formidable terrain de jeu qu'est la gare, et mon jeu préféré est celui du photomaton, qui me fait découvrir en trois minutes ce à quoi je ressemble aujourd'hui.